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Femme de lettres de l'être ici et ailleurs

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Quand le blanc et le gris se marient en février, c’est un voile de brume de lait qui tourne sur la route du labeur. La ville est ocre sous les réverbères, le vent, la pluie, les gens et puis ce mauvais temps qui brouille les pas, qui brouille la vue des gens, des gens qui passent, pas à pas dans les rues luisantes. Les fenêtres sont comme des petits phares jaunes dans le jour naissant, des phares de petits déjeuners, de sommeil attardé.

Le soir les fenêtres sont bleutées et tremblotantes, télé oblige, image de vies, d’autres vies, carnaval des idéaux ou cirque médiatique, mais aussi, parfois la poésie des retrouvailles dans la lueur bleue d’un écran de mirages.

L’envie de paresser me prend avant le café du démarrage, couper les amarres avec la chaleur du lit est parfois douloureux. Il faut gratter les vitres, semer la poudre gelée sur le bitume et puis prendre la route, les champs et les bois, les garennes qui cavalent en traversant devant mes roues de bruine. La grand route enfin et le clin d’œil de la lune dans le blanc et le gris du matin de février. Le premier rond point qui t’annonce les lumières de la ville, les anonymes petits pas du matin frileux, les gens baguette à la main, les enfants bariolés de laine qui trottinent. Les lumières jaunes des fenêtres, je me gare, je m’extirpe, je frissonne, je monte l’escalier et je suis réveillée. Les gens, les saluts, les blablas mous du matin de février, le café chaud brûlant que je n’ai jamais le temps de boire, la sonnerie, le sourire car la fête commence, je dis des dizaines de « bonjour » et j’ouvre la porte de classe, bruit de chaise, de papiers, de froute froute de trousses qu’on fouille. J’appelle chacun, une petite blague pour réveiller les neurones de l’auditoire et c’est parti :

« Jules Renard disait : ‘La paresse c’est une habitude prise de se reposer avant la fatigue ‘ et bien aujourd’hui nous allons nous reposer sur ces quelques vers, que vous ne connaissez pas encore Ils sont d’Apollinaire ;

Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine ‘

Etc.. etc… etc… la fatigue attendra car la beauté des mots lève le voile sous les paupières.

(en cliquant sur le premier vers d'appolinaire vous entendrez sa voix)


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